Ici l’écologie acoustique s’impose !
Parmi les actions de l’association Préservons l’environnement du col des Hayes, depuis deux ans, un petit collectif a régulièrement proposé de se réunir et se promener au col, avec l’idée de ressentir ce lieu et de partager les émotions qu’il éveille. C’était l’occasion de discuter avec des amis de passage et de réaliser des interviews, au cours desquelles la plus grande place possible était donnée au silence du petit vallon de Lansau.
Un jour d’hiver, lors d’une promenade à Lansau, notre amie Justine nous parlait de la nécessité de conserver, dans nos écosystèmes, des réserves de silence. Un silence auquel on ne demande pas d’être absolu, mais simplement de favoriser l’écoute ; d’être un tissage de discrets évènements sonores d’origine humaine, animale, terrestre.
Il existe déjà, en Angleterre et en Catalogne, des parcs naturels qui se sont donnés pour mission de préserver la quiétude d’un lieu. Dans une interview à Libération en décembre 2021, Heike Freire, écologiste en lien avec le réseau Quiet Park, affirme : « L’écologie acoustique, c’est le futur. On commence tout juste à mesurer à quel point les bruits sont nocifs : maladies cardiovasculaires, auto-immunes, déficits d’attention, hyper-activité, santé mentale… ».
Dans les Vosges, il n’y a plus que de très courtes plages de silence ; toutes les 7 minutes le passage d’un avion étouffe tout le reste, déplore Marc Namblard, naturaliste et capteur de sons.
« Créer des espaces privés et publics […] qui permettent l’accès au silence, gratuit et durable, c’est se soucier de préserver la qualité de notre attention au monde, à soi-même et aux autres, humains et non-humains ». (Antoine Fenoglio & Cynthia Fleury, Ce qui ne peut être volé. Charte du Verstohlen. Tracts – Gallimard / 2022)
Manifeste du Conservatoire du silence
Le Conservatoire du silence est un outil qui entend valoriser une qualité invisible du col des Hayes : la profondeur du silence dans ce paysage familier d’un col vosgien, ouvert à la Rose des vents.
Un outil qui s’intéresse à quelque chose d’immatériel mais qui pourtant relève du bien commun.
Un outil pour articuler un regard et une approche sociale, philosophique, artistique, spirituelle, musicale, politique, et ainsi favoriser des rencontres et des évènements ; des conférences murmurées !
Le silence est au cœur de ce que nous défendons à Lansau. Cette quiétude est en lien avec les autres enjeux liés au site : faune, flore, agriculture, forêt et même… granit. Le conservatoire englobe ces enjeux et entend également préserver la mémoire de l’exploitation des anciennes carrières locales.
Le Conservatoire du silence est une réponse au concassage, aux rallyes et aux dérives du tourisme de masse. Dans le paysage resserré des vallées vosgiennes, où s’intensifient les flux saisonniers de « consommation du massif », l’attention portée au respect du silence est une voie de modération, un facteur de résistance propice aux alternatives, une incitation à la retenue et à la lenteur.
Le Conservatoire du silence veut amplifier son audience selon les principes de la permaculture et du soin.
Le silence sera entendu dans sa musicalité et ses bruissements de vies.
Mais aussi dans son sens philosophique et sa portée contestataire.