L’enjeu de la biodiversité
L’enjeu de la biodiversité

L’enjeu de la biodiversité

Dans un contexte d’appauvrissement global de la biodiversité, la conservation d’une mosaïque de milieux préservés au col des Hayes est un enjeu pour les naturalistes.

Le Groupe Tétras-Vosges et le Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine nous alertent à ce sujet.

À Lansau, la Gélinotte des bois trouve un habitat favorable.
Pour le Groupe Tétras-Vosges, le col des Hayes est au coeur du territoire de la Gélinotte des bois

La Gélinotte des bois est un oiseau emblématique des forêts d’altitude : elle est la cousine du Grand Tétras. Dans le massif des Vosges, ces deux oiseaux sont tout simplement menacés de disparition à très court terme. Tout récemment, l’espèce a fait l’objet d’un Plan d’Urgence Grand Est (2021/2023) qui va évoluer vers un Plan Régional d’Actions (2024/2031).

Selon le rapport que nous a confié le Groupe Tétras-Vosges, un « noyau de contacts » a pu être identifié autour du secteur du col des Hayes, au sein des massifs forestiers environnants. Actuellement c’est le dernier espoir de conservation d’une population de Gélinotte des bois dans le massif des Vosges.

Au cours de l’automne et l’hiver dernier, plusieurs contacts avec la Gélinotte des bois ont été établis à proximité immédiate de la carrière de Lansau, au sein de ses habitats les plus favorables. Malheureusement, le site d’exploitation envisagé scinde en deux parties disjointes ce secteur propice, tout en paraissant lui-même, vu de l’extérieur, un habitat particulièrement favorable : la reprise d’activité de cette ancienne carrière se traduirait inévitablement par la destruction de ce milieu et condamnerait de fait la continuité écologique de ce secteur propice à la Gélinotte.

Dès lors, il semble évident que la réouverture de la carrière de Lansau constitue une triple menace à l’égard de la biodiversité du col des Hayes et, plus généralement, de celle du massif vosgien :

– Destruction d’un milieu naturel qui est l’habitat d’espèces protégées (alimentation et reproduction)

– Fragmentation d’une continuité écologique de grand intérêt, à l’échelle locale et à l’échelle du noyau de population relictuel du massif,

– Disparition de la quiétude nécessaire à ces espèces

La vallon de Lansau et sa prairie humide et fleurie, une oasis de quiétude qu’apprécient tant les humains que la faune !
Le site du Col des Hayes est protégé par le Département des Vosges et fait l’objet d’un plan de gestion confié au Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine.

Le site naturel du col des Hayes est reconnu depuis de nombreuses années par les naturalistes locaux comme étant un site exceptionnel. L’ensemble des enjeux identifiés sur le site (prairies de fauche montagnardes, prairies humides, présence du Cuivré de la Bistorte et du Tarier des prés) lui ont valu son inscription à l’inventaire des Espaces Naturels Sensibles du Département des Vosges en 2015. Identifié comme site prioritaire d’intervention, une démarche de protection a été mise en œuvre par le Conseil Départemental des Vosges et le Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine, via la politique des Espaces Naturels Sensibles du département, dès 2017.

Avec le cortège des papillons présents, l’avifaune constitue l’enjeu patrimonial majeur du site : le réseau de prairies du col des Hayes est maintenant suivi depuis 10 ans par les bénévoles des associations Oiseaux-Nature, du Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine et de la Ligue de Protection des Oiseaux Alsace, pour une espèce menacée au niveau national, le Tarier des prés.

Le Tarier des prés, suivi de près à Lansau !
À Lansau, les Reptiles et les Amphibiens tirent parti des milieux aquatiques et du paysage environnant, y compris la carrière inexploitée depuis 2004.

Le Rupt de Bâmont, qui prend sa source en amont de Lansau, sous la Tête du Saut, traverse ensuite les prairies humides juste en contrebas de la carrière délaissée depuis presque 20 ans. La réouverture et l’extension de cette carrière constituent une menace pour ce milieu aquatique fragile, par les risques induits de débordement des bassins de décantation des boues de sciage ou de pollution par les poussières ou les hydrocarbures.

Le Rupt de Bâmont, qui abrite deux espèces menacées, dont la Truite fario, est inscrit à l’inventaire national des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) qui a pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs de grand intérêt écologique, abritant une biodiversité patrimoniale remarquable.

Cet inventaire confirme que Lansau est un “espace écologiquement homogène, défini par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou d’habitats rares, remarquables ou caractéristiques du  régional”.

Pousses de prêle au printemps, dans une petite mare traversée par le Rupt de Bâmont.
Quiétude et panorama

Le col des Hayes est un haut-lieu de nature pour la population locale et les visiteurs en quête de silence et d’authenticité. Il est fréquenté de longue date grâce à la présence de sentiers de randonnée. Le col est également référencé pour le cyclotourisme. On y apprécie un vaste panorama : le regard porte sur les prairies et pâturages de l’espace naturel sensible, sur la Piquante-Pierre, la vallée de la Moselotte et la ligne de crêtes du massif, du Hohneck au Ballon de Servance.

Un tel site est précieux pour sa biodiversité, sa faune et sa flore, mais aussi pour les sentiments qu’il éveille chez ses visiteurs, qui nous permettent de nous relier à quelque chose de profond et de vital. Quelque chose qui nous rappelle que nous sommes nous aussi une espèce animale, dépendante pour sa survie d’un milieu naturel en bonne santé et riche de la plus grand biodiversité possible.

Le col des Hayes, le Pechin et Lansau, vus à 180 degrés. Un site exempt de toute « verrue paysagère ».

Préservons l’environnement du col des Hayes remercie le Groupe Tétras-Vosges et le Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine, antenne de Gérardmer, pour les documents gracieusement mis à sa disposition.

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