Lettre ouverte
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Notre lettre ouverte interpelle Mr François Vannson, président du Conseil Départemental des Vosges, sur les dangers liés à la réouverture de la carrière du col des Hayes.

Monsieur le Président du Conseil Départemental des Vosges,

Nous avons sous les yeux l’éditorial que vous signez en page une du magazine « Vosges Mag » d’avril 2023. Nous y lisons votre volonté et celle du département d’accélérer la transition écologique engagée en 2017, de préserver les milieux naturels, la ressource en eau, la biodiversité et les 484 Espaces Naturels Sensibles, pour faire des Vosges une terre de bien-être et d’épanouissement pour toutes les vosgiennes et vosgiens.

C’est notre inquiétude au sujet d’un de ces espaces sensibles qui nous oblige à vous interpeller aujourd’hui, en tant que citoyens et membres de l’association PRÉSERVONS l’ENVIRONNEMENT DU COL DES HAYES. Notre association (plus de cent adhérents) conteste la réouverture, entre les communes de Basse-sur-le-Rupt et Saulxures-sur-Moselotte, d’une ancienne carrière incluse dans l’Espace Naturel Sensible des Prairies du col des Hayes. Notre pétition en ligne à ce sujet a déjà recueilli plus de 2000 signatures.

En effet, dans ce paysage emblématique de nos montagnes, valorisé en couverture de « Vosges Mag », la Graniterie Petitjean, basée à La Bresse, a obtenu de la préfecture des Vosges l’autorisation de réouvrir une carrière délaissée depuis 2004, pour en extraire jusqu’à 49 000 tonnes de granite par an, soit le poids de 5 tours Eiffel. 90 % de cette production sera commercialisée sous forme de concassé et d’enrochement, contribuant à l’artificialisation d’autre paysages.

Ouvrir une carrière dans un espace naturel sensible, c’est le condamner de manière irrémédiable.

L’exploitant va procéder à des « pétardages », scier, creuser la roche sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur, abattre des arbres, concasser, produire des boues de sciage et des poussières ainsi que des nuisances sonores. C’est une usine à ciel ouvert que va bientôt accueillir cet espace naturel sensible situé à 900 mètres d’altitude.

Cette activité industrielle est-elle vraiment compatible avec la préservation d’un milieu naturel, qui abrite une biodiversité remarquable, mais fragile ? N’est-ce pas plutôt une aberration environnementale, en termes d’attractivité touristique et de patrimoine paysager ?

Le col des Hayes et Lansau, entre les sommets du Pechin et de la Tête du Saut

L’eau, enjeu prioritaire de nos territoires.

La carrière domine une zone humide où vivent des espèces aquatiques protégées. Nous savons désormais que l’eau est un bien précieux, menacé par les sécheresses à répétition. Toutes les habitations de cette montagne sont alimentées par des sources, or certains foyers sont déjà confrontés à quatre mois de tarissement de leur captage.

Qui peut affirmer que l’exploitation d’une carrière au col des Hayes n’aura jamais aucune conséquence sur la qualité et le débit des sources environnantes ? Ni qu’aucune pollution accidentelle ne détruira le milieu humide en contrebas de la carrière ?

Une activité agricole respectueuse de son environnement

Au col des Hayes, c’est un patrimoine immatériel mais tangible qu’une entreprise familiale imprime depuis 240 ans dans son environnement, par une activité agricole attentive au vivant. Fauche tardive et soin du paysage, qui permettent le maintien d’un passereau migrateur rare, le Tarier des prés, et produisent cette harmonie paysagère dont sont friandes les couvertures des magazines vosgiens.

Un camion de 32 tonnes toutes les 20 minutes, 160 jours par an !

10 à 13 rotations sont prévues chaque jour, soit plus de vingt passages quotidiens sur une route de montagne, qui attire de nombreux touristes et cyclistes par la quiétude de ses paysages, en plus des usagers réguliers pour qui le col de la Croix des Moinats est un itinéraire bis.

Nous avons alerté vos services sur les dangers nouveaux que vont créer ces 3200 camions annuels. Leur réponse affirme que la carrière n’ayant jamais cessé son activité, il n’y aura pas de changement significatif de la circulation. Or il est de notoriété publique que la carrière est depuis longtemps inactive et qu’aucun camion ne circule. Les rotations de camions qui vont commencer seront donc un danger nouveau. Faut-il attendre qu’un accident survienne pour être entendus ? Qui alors sera responsable du déni de réalité qui constitue la réponse actuelle du Conseil Départemental ?

Monsieur le Président, nous vous demandons publiquement de soutenir notre demande en faveur d’une nouvelle étude d’impact environnemental et sociétal, digne de cette période de transition écologique que vous voulez accélérer dans les Vosges.

Une autorisation préfectorale basée sur une étude d’impact environnemental de 2001.

Au motif que la carrière n’aurait jamais cessé d’être exploitée, la préfecture a dispensé l’entreprise Graniterie Petitjean d’une nouvelle étude d’impact environnemental. Nous considérons que l’administration a négligé son devoir de précaution. Nous avons formulé un recours hiérarchique resté sans réponse. Nous venons de déposer un recours au Tribunal Administratif de Nancy.

Nous demandons une nouvelle étude d’impact environnemental et sociétal.

Monsieur le Président, dans votre éditorial d’avril 2023, vous évoquez la transition écologique.

Cette transition demande d’instaurer une concertation entre les acteurs économiques, politiques et culturels.

En impliquant les citoyens, les associations et les collectivités dans les décisions d’aménagements et d’investissements locaux. Avec comme objectif de favoriser un tissu économique et industriel en accord avec les ressources et les besoins réels du territoire, afin de faire face à l’urgence des défis environnementaux et sociaux. L’argent public doit soutenir la reconversion de toute l’économie locale, du tourisme à l’industrie en passant par l’agriculture et les transports. La transition écologique est un gisement d’emplois.

La transition implique de repenser l’aménagement urbain face aux enjeux climatiques.

Pour atténuer les effets des canicules, plutôt que de choisir la pierre et le béton, nos villes et nos villages doivent créer des espaces arborés et végétalisés qui produisent de la fraicheur.

La transition induit de repenser l’activité des carriers sur les sites sensibles.

Même si l’exploitation du granite dans les Vosges a toujours du sens, on ne peut sacrifier aux seuls impératifs économiques des écosystèmes équilibrés et de plus en plus rares, tel celui qui fait toute la richesse du col des Hayes.

Monsieur le Président, nous vous demandons publiquement de soutenir notre demande en faveur d’une nouvelle étude d’impact environnemental et sociétal, digne de cette période de transition écologique que vous voulez accélérer dans les Vosges. Nous vous demandons de vous engager afin qu’en attente des conclusions de cette nouvelle étude, les travaux de réouverture de la carrière soient suspendus.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions, Monsieur le Président du Conseil Départemental des Vosges, de croire en nos plus respectueuses salutations.

Association Préservons l’environnement du col des Hayes

Un commentaire

  1. Grassini

    Au vu de la situation, je pense qu’il serait irresponsable de ne pas mettre sur pause tous les projets « écocidaires » afin d’en étudier la globalisation des conséquences. L’irresponsabilité des politiques entraîne la mise en danger de la Vie et oblige donc le « commun des mortels » à se soulever contre ces projets. C’est de la légitime défense. Totale solidarité avec le collectif de protection du col des Hayes

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